Félicien Rops: ce peintre namurois controversé

Namur est la ville natale du peintre et graveur Félicien Rops (1831-1898). Sa maison se situe au n°33 de la rue du président et son musée rue Rupplément. L'artiste a vécu une partie de sa vie dans la capitale wallonne.

Il s'en est inspiré pour une de ses oeuvres les plus célèbres, "Enterrement en Pays Wallon". L'artiste raconte dans une lettre à son ami Charles De Coster comment il a observé, un peu par hasard, cet enterrement : "J'étais à Namur, ne sachant que faire(...)En chemin, je rencontre un enterrement. J'ai toujours eu un faible pour les enterrements. C'était un enterrement triste celui-là, c'est rare. Derrière le cercueil (...) suivait un petit garçon blond, de ce blonf fade né des cours de récréation sans air et des verbes copiés 10 fois en punition d'un sourire. (...) A ses côtés, digne et protectant, ambulait un monsieur, le "mon oncle" ou le tuteur légal (...)Un gris curé goutteux, avec les bras tombant sur les boucles de ses souliers, deux prêtres psalmodiant lugubrement grotesques, encore enluminés par la digestion dérangée, un bedeau avec de l'ouate dans ses oreilles, deux membres mâle et femelle de quelque congrégation, un enfant de coeur et un chien, c'est tout(...) L'enfant de coeur pendant les derniers oremus, aspergeait le chien, et les porteurs buvaient le pequet de circonstance". L'oeuvre a fait polémique dans les journaux namurois. Elle est considérée par les milieux bourgeois très catholiques de l'époque comme une critique du clergé, absorbé par les conventions cléricales et indifférent à la souffrance. Le thème de la mort, ainsi que celui de l'érotisme et du mal sont récurrents dans son oeuvre.

Face à la société namuroise bien pensante, choquée par ses audaces et son anticonformisme, Félicien Rops s'est vite senti à l'étroit. C'est à Paris, où il s'installe définitivement en 1874, qu'il pourra enfin vivre sa vie "dans la fièvre et le mouvement".

Félicien Rops était l'ami du célèbre poète français Charles Baudelaire. Après leur rencontre, Baudelaire décrivit Rops en ces mots : "Ce tant folâtre M. Rops qui n'est pas un grand prix de Rome, mais dont le talent est haut comme la pyramide de Chéops". Rops dessina un peu avant sa mort "La mort au bal masqué" pour illustrer le recueil de poèmes de son ami, "Les fleurs du mal".

Enterrement en Pays Wallon, litographie de 1864
Pornokrates ou La dame au cochon, 1878 La mort au bal masqué, 1895

 

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